son sourire

Ce matin quand elle est passée devant son restaurant, elle l'a entendu crier très fort,

Elle a poussé la porte : "tout va bien M ?" et elle l'a vu, une chaise à la main, prête à frapper ce type qui ne lui était pas inconnu, ce pillier de bar, celui-là même qui est imbibé d'alcool du matin au soir et qui se drogue aussi parfois.

Elle s'est interposée. Elle lui a demandé de sortir, qu'il n'était pas le bienvenu. Il ne voulait pas bouger, il disait qu'il était chez lui ici et qu'il avait nulle par où aller. M est sortie avec elle. M a craqué, M s'est confiée, elle lui a raconté son calvaire, cet harcélement journalier, les portes enfoncées, le racket, les viols, les menaces de mort et les bleus aussi et puis... M est rentrée et a dit qu'elle allait discuter avec lui et qu'il finirait bien par partir...

Elle, elle est partie travailler et est rentrée à quelques portes de là. Mais c'est à 3 qu'elles sont aussitôt ressorties. Le quatrième est arrivé et a pris les choses en main : police, gendarmerie et avocat. Il ne sera plus jamais le bienvenu ici. Il lui ont fait comprendre verbalement et physiquement aussi que ce restaurant était désormais LEUR territoire et puis la rue aussi et puis le quartier aussi.

M. lui a dit : "tu es ma fée. Grace à toi, mon fils va enfin avoir le sourire". C'est ainsi qu'elle a appris que toute la rue connaissait la situation et que personne n'avait jamais rien fait. Il est plus facile de fermer les yeux. C'est certain.

Elle l'a sentie presque libérée même si le travail ne fait que commencer. Pour la première fois depuis bien longtemps, elle s'est sentie utile.

Aujourd'hui, elle a aimé ce sourire, son sourire et celui de son fils.