Décalée

Il avait découché. Il avait dormi chez Papilou et Mamilou et elle, elle était allée voir une amie. Elle était finalement restée dîner aussi puis était rentrée et avait travaillé tard. Elle s'était couchée vers 2h30 du matin. Elle avait une idée en tête : avancer son travail au maximum pour pouvoir se payer le luxe suprême de faire une vraie grâce matinée. Elle avait pris soin de fermer tous les volets, toutes les portes et avait déconnecté son téléphone.  Elle ne voulait se réveiller que lorsque son corps l'aurait décidé. C'est vers 10h qu'elle a ouvert un oeil. Ca ne lui était pas arrivé depuis des années. Elle est descendue en pyjama pour allumer l'ordinateur et travailler tout en prenant son petit déjeuner. Elle est restée dans cette tenue jusqu'en début d'après-midi puis s'est installée sur le canapé pour regarder ce film qu'elle avait envie de voir. Dehors il pleuvait et son thé fumait sur la table basse à côté d'elle.
C'est une journée qui ressemblait à celles qui rythmaient son quotidien lorsqu'elle était célibataire. Une journée sans contrainte. Une journée sans horaire. Une journée décousue. Une journée entre flemmardise et regain d'énergie. Une journée pour elle.
Ce soir elle est allée le chercher. Ils s'étaient donnés rendez-vous à mi-chemin. Quand elle est arrivée, ils étaient déjà là. Il était au volant, sur les genoux de Mamilou et "tourrrrrrrrnait" le volant, faisait marcher les essuis-glaces et réclamait les clés qu'il n'avait pourtant pas le droit de toucher. Il riait et l'a à peine embrassé, trop occupé.
En rentrant, elle a revêtu son costume de maman. Elle l'a fait dîner, lui a donné le bain, lui a lu des histoires puis l'a couché sans pleurs ni caprices.
Elle avoue avoir aimé cette journée. Elle en avait besoin. Elle n'a jamais aimé le train-train quotidien et mettait un point d'honneur à vivre en décalé. Avec un enfant, on est obligé de changer et  le quotidien nous rattrape parfois souvent. C'est cette liberté là qui lui manque parfois. Alors c'est promis, elle recommencerait.